“On ne gère pas autant d'établissements en faisant le cow-boy.”

L'entreprise haute en couleur C.Group est à la tête d'une collection hétéroclite d'établissements horeca limbourgeois.

C.Group est peut-être le groupe horeca le plus panaché du Limbourg. Avec sa propre Academy et quinze établissements horeca différents, il propose des offres à tous les niveaux : de la restauration à l'hôpital en passant par le café, le bistrot, le bar et l'hôtel. Mais en interne, cet éventail bigarré n'est pas le seul pôle d'intérêt. Le personnel joue aussi un rôle crucial dans l'ensemble du groupe. « Ce n'est pas pour rien que nous parlons de la C.family. »

Tout a commencé en 1987 avec un hôtel-restaurant à Hasselt : The Century. Dimitri Beckers, actuel propriétaire de C.Group, dirigeait les lieux avec sa mère Lutgarde Ballet. « Quand l'interdiction de fumer dans l'horeca est entrée en vigueur en 2008, nous avons ouvert un établissement à côté du Century : le C.bar, un endroit où les gens pouvaient fumer une cigarette après leur repas ou boire un verre après le travail. Toujours en 2008, la société HasHotel - qui incluait le Bar Bouffe de l'hôpital Jessa - a également rejoint nos rangs. Par la suite, d'autres hôpitaux nous ont demandé de gérer leur cafétéria. Tout s'est alors rapidement enchaîné, et les demandes d'exploitation dans divers secteurs n'ont cessé d'affluer », explique Saskia Beckers, sœur du propriétaire Dimitri et directrice du HasHotel. « C'est ainsi que nous nous sommes développés pour atteindre aujourd'hui quinze établissements horeca, ayant chacun leur propre identité. Je pense que peu de gens en Belgique seraient capables de citer toutes les entreprises de C.Group. C'est dire à quel point nous sommes diversifiés ! »

Variété

Le HasHotel, à Hasselt, appartient à C.Group depuis 2008. « Nous avons immédiatement rénové l'immeuble de fond en comble, car Dimitri accorde une importance primordiale au volet horeca », explique Saskia. « En Belgique, il n'est guère courant de manger dans le restaurant d'un hôtel quand on n'y séjourne pas. Mais nous voulions aussi attirer les passants. Nous l'avons rendu beaucoup plus ouvert et transparent, avec une jolie terrasse. Certains clients ne se rendent même pas compte qu'il s'agit également d'un hôtel et ne le connaissent qu'en tant que restaurant Bragoût. » D'après Saskia, les restaurants Bragoût, TrentaNove et Het Cordaat comptent parmi les plus raffinés du C.Group. « La qualité de la cuisine est de haut niveau et le décor est aussi très attrayant. Au Cordaat, nous avons construit une véranda vitrée, où les gens prennent place sur une plateforme avec vue sur la cuisine. Pendant la journée, c'est le lieu de rencontre par excellence pour les déjeuners et dîners d'affaires ; le soir, elle accueille une clientèle plus privée. » La direction de C.Group n'ambitionne une étoile Michelin pour aucun de ses restaurants. « Ce n'est pas Michelin qui va nous payer », explique Peter Vlietinck, qui a débuté comme chef au Cordaat et qui est aujourd'hui responsable des achats et de la gestion pour tous les chefs de C.Group. « Nous travaillons pournos clients. Le plus important, c'est qu'ils soient satisfaits. La qualité doit être garantie tout en restant abordable. »

Pas de formule

Dimitri Beckers veille à ce que C.Group ne devienne pas une formule, bien qu'une telle démarche soit sans doute nettement plus pratique et rentable. « Dimitri est allergique à l'uniformité ou à la franchise », dit Peter en riant. « Nous tâchons toutefois de déterminer avec soin ce que nous pouvons faire ensemble. Dans tous nos établissements, le poisson et la viande arrivent découpés et conditionnés en portions. Certains chefs trouvent cela ennuyeux, mais ils ne sont pas toujours là et ne coupent donc pas toujours tout eux-mêmes. Vingt grammes d'écart, cela représente 20 kilos par an... faites le calcul.

De même, la préparation de certains potages, carbonnades et sauces de base telles que la sauce bolognaise, la sauce au poivre et la sauce crème-champignons est centralisée au Corda.Cuisine. Ils sont emballés hermétiquement et se conservent trois semaines, mais sont souvent utilisés en l'espace de quelques jours. Et c'est efficace : au Corda.Cuisine, on prépare 100 kilos de carbonnades et 200 kilos de sauce bolognaise par semaine. Cela dit, il est fréquent que les chefs du Bragoût préparent les sauces eux-mêmes ou y apportent leur touche personnelle sur place. Dimitri se réjouit de cette créativité. D'après lui, les brasseries standard ne font pas long feu. Voilà pourquoi il mise sur la diversité et la créativité. Si vous allez manger dans l'un de nos restaurants aujourd'hui et dans un autre demain, vous devez trouver une carte différente. Parfois, c'est un véritable concept qui a été mis en place, comme le Bar Bouffe, les brasseries de plusieurs hôpitaux limbourgeois. Nous y proposons des menus identiques et un concept similaire. Mais d'une manière générale, ce n'est pas la philosophie de C.Group. »

'‘Tout le monde travaille pour le groupe et les gens sont libres de passer d'un établissement à l'autre.'‘

Formation propre

Bien que les quinze établissements de C.Group diffèrent sur de nombreux points, certains aspects assurent leur cohésion. Quoi qu'il en soit, le propriétaire Dimitri Beckers marque ses restaurants, bars, bistrots et hôtels de son empreinte. « Il a un style maison bien à lui, travaille toujours avec les mêmes architectes et sait ce qu'il veut pour l'aménagement de la cuisine », explique Ruben Vanoirbeek, directeur de la C.Academy, le centre de formation de C.Group. « Nous formons en outre tous nos collaborateurs - fixes et nouveaux - à la C.Academy, où ils suivent différents cours et apprennent le règlement intérieur. Comment nous habillons-nous ? Quelle est notre politique en matière de tabac ? Qu'en est-il des pauses toilettes ? Tous ces éléments sont dûment expliqués aux nouveaux employés. Nous montrons également que nous sommes un groupe horeca englobant des entreprises très diversifiées.

Tout le monde travaille pour le groupe et les gens sont libres de passer d'un établissement à l'autre. Cela vous permet d'adapter votre travail à votre situation personnelle, par exemple parce que vous avez des enfants en bas âge et que vous ne voulez pas travailler tard. Nous appliquons le système « deux jours de travail, deux jours de repos », qui permet de rester ouvert sept jours sur sept tout en accordant à chacun un week-end de repos par mois. Avec, à la clé, un excellent équilibre travail/vie privée.

Tous nos établissements sont effectivement ouverts sept jours sur sept, sauf la veille de Noël, qui est un moment familial ; tout le monde est alors en congé. La C.Academy assure aussi le recrutement et la sélection par le biais des réseaux sociaux, entre autres. Nous filtrons les candidats afin de déterminer l'entreprise qui leur correspond et les tâches qu'ils préfèrent. Ainsi, ils accèdent beaucoup plus vite au poste adéquat, ce qui les rend plus confiants. Ils connaissent leurs tâches, travaillent à l'endroit qui leur convient et sont encadrés par un « mentor ». Bien entendu, nous leur avons également appris au préalable à circuler avec des assiettes, servir une bière et détailler un menu. Ces démarches renforcent leur plaisir au travail et les probabilités qu'ils restent chez nous. Grâce à la formation en interne, les nouvelles recrues ne se sentent pas perdues, mais éprouvent au contraire un profond sentiment d'appartenance au groupe. Le fait de savoir « comment nous fonctionnons » et quel est notre ADN au sein de C.Group leur confère de l'assurance. Et ce qui est génial, bien sûr, c'est qu'avec autant d'entreprises différentes, il y a toujours bien un endroit où elles se sentent parfaitement à l'aise. Nous pouvons donner à tous ceux qui viennent ici des perspectives d'avenir et d'évolution. »

Entretiens de développement

Ruben a profité de la C.Academy pour intégrer des « entretiens de développement » au sein du groupe horeca. « Suite à mon précédent emploi dans le monde de l'entreprise, j'avais une certaine aversion pour les entretiens d'évaluation et de fonctionnement. Mais j'ai néanmoins constaté qu'il peut être utile, en tant que collaborateur, de pouvoir s'adresser à sa direction pour dire ce qu'on aime ou pas. En effet : le calme revient après les turbulences. Cela soulage vraiment nos employés de pouvoir exprimer ce qu'ils ont sur le cœur. Le fait de leur consacrer du temps et de l'attention revêt une valeur inestimable pour toute l'entreprise. Dimitri s'efforce de parler lui-même à de nombreuses personnes, mais nous avons actuellement 340 collaborateurs permanents et nous passons à 600 au cours de l'été. J'assume donc une grande partie de ces entretiens. »

Esprit d'entreprise

Il y a toujours une foule de projets en train de mijoter au sein du C.Group. Ainsi, l'e-Arena devrait ouvrir ses portes début 2025. Il s'agit d'un espace événementiel ultramoderne doté d'un mur LED de 400 mètres carrés sur le site de Corda à Hasselt. Peter : « Nous pouvons y aménager quatre à cinq mille places debout et quinze cents places assises. Pour lesquelles nous assurerons l'intégralité de la restauration. Ce sera de la très haute technologie, le top de l'Europe. » Dimitri n'aime pas rester sans rien faire. L'horeca est inscrit dans ses gènes et il a le sens de l'innovation. « Il investit sans cesse dans ses établissements », déclare sa sœur Saskia.

« Vous n'en trouverez pas un qui n'a pas connu de changements en quatre ans. Il y a toujours bien quelque chose à peindre ou à réaménager. De nombreux entrepreneurs pressent un nouveau concept branché jusqu'à ce qu'il n'en sorte plus une seule goutte. Dimitri ne court pas ce risque avec ses établissements : il innove en permanence. » Et il implique son personnel dans tous les changements : « De nombreux dirigeants de nos établissements se comportent comme s'il s'agissait de leur propre entreprise », explique Peter. « Le moindre problème leur cause des insomnies. C'est le genre de personnes qu'on veut dans son équipe. Dimitri est également très ouvert avec les responsables. Chaque jour, ils sont informés du chiffre d'affaires et du nombre d'heures prestées, ce qui permet de connaître le chiffre d'affaires par heure. On peut ainsi renvoyer les gens chez eux lors d'une journée tranquille, les laisser commencer plus tard et travailler plus efficacement. En partageant les chiffres d'affaires, Dimitri montre qu'il vous fait confiance, mais il vous rend aussi coresponsable. Ici, tout le monde veille au grain. Une attitude qui nous a permis de nous développer sur le plan individuel mais aussi en tant que C.Group. On ne gère pas autant d'établissements en faisant le cow-boy. »